mercredi 22 avril 2009

Carey Price: Manipuler avec soin

Quand j'ai vu Carey Price lever les bras au ciel par dépit ce soir, une pensée m'a traversé l'esprit: Est-ce que nous sommes en train de brûler un jeune gardien talentueux.

Carey Price n'aurait même pas dû être dans les buts ce soir. Il n'aurait même pas dû garder le 3ème match de la série. A la limite, je ne suis même pas certain qu'il aurait dû se voir confier les derniers matchs de la saison régulière pendant que le Canadien tentait de se qualifier pour les séries.

Mais Bob Gainey en avait décidé autrement. Carey Price est l'homme de Gainey, celui qu'il a repêché 5ème au total, devant des joueurs tels que Devin Setoguchi (8ème), Anze Kopitar (11ème), Marc Staal (12ème), TJ Oshie (24ème) et Andrew Cogliano (25ème). Il allait donc mourir avec Price, peu importe si cela devait lui couter son poste plus tard. C'est ce qu'on peut appeler compenser une erreur par une autre erreur.

Non pas que je crois que le choix de Price soit une erreur. Mais le fait de ne pas l'entourer a été une erreur majeure. La débacle a donc en fait commencé l'an dernier, lorsque l'on a échangé le vétéran Cristobal Huet à Washington pour une poignée de 10 sous. De cette façon, on enlevait le vétéran gardien sur qui Price pouvait compter et de qui il pouvait apprendre. On avait donc un duo de jeunots, et le message qu'on passait à Price est qu'il était maintenant la vedette, le numéro un de l'équipe, tout ça à un jeune de 20 ans.

Je tiens à préciser que je ne suis pas le plus grand fan de Price. Je le trouve nonchalant et son attitude laisse à désirer selon moi. Quand il s'est mis à pleurer après un match difficile contre Washington à sa première saison, Bob aurait dû se rendre compte qu'il n'avait pas encore la maturité pour être numéro un. Pourtant, quelques mois plus tard, il échangeait Huet et confiait le rôle à Price.

Quand la situation s'est reproduite cette saison devant les journalistes après un match difficile contre les Maple Leafs de Toronto, Bob aurait dû se rendre compte que la confiance de Price était à son plus bas. Il s'est tout de même entêté à utiliser Price avant Halak pendant la majeure partie de la fin de saison.

Quand en séries, Price se faisait battre 8 fois sur 10 du coté du baton, à cause d'un mauvais positionnement, Bob aurait dû comprendre que Price avait perdu confiance en sa mitaine, sa faiblesse selon moi, donc il trichait en se plaçant plus du coté de gauche, question de fermer cet angle, quitte à laisser plus d'ouverture du côté droit. Quand Price regardait sans cesse derrière lui même après avoir fait l'arrêt, Bob aurait dû allumer que Carey avait perdu toute confiance en ses moyens, donc ses coéquipiers également.

Comment peut-on préférer un gardien qui a perdu ses moyens dans une position aussi difficile avec une équipe ayant perdu son général à la défense, pendant que le gardien substitut nous a littéralement trainé en séries avec plusieurs matchs volés en fin de saison, et pendant la blessure de Price.

Quelle était l'urgence de nommer absolument Carey Price numéro un, quand le numéro deux peut aussi faire un travail efficace? N'aurait-on pas pu y aller d'un système d'alternance?

Un gardien comme Patrick Roy, dont les médias adore comparer au jeune Carey, n'a commencé à disputer plus de 60 matchs dans une saison qu'à partir de la saison '91-92, sa septième saison complète dans la ligue Nationale de hockey. Et on parle d'un gardien qui avait déja gagné la coupe Stanley à sa première saison complète en 1986, en plus d'une finale en 1989.

Je le dis, et je le répète: je ne suis pas un fan de Carey Price. Il n'est donc pas dans ma nature de le défendre habituellement. Par contre, je trouve ridicule qu'un gardien aussi jeune puisse subir autant de pression. La réaction de la foule au Centre Bell ce soir m'a particulièrement irrité, puisque ce n'était pas de sa faute si son coach a décidé de s'entêter à faire jouer ce gardien totalement dépourvu de confiance avec une équipe qui en arrachait autant. Le désastre était aussi prévisible que découvrir l'assassin d'un vieux film de Colombo.

Qui est à blâmer dans le dossier Carey Price?

Bob Gainey: certainement, pour la façon dont il a géré le dossier et tenter d'implanter Price avant que celui-ci soit prêt pour les grandes ligues.

Price lui-même: Il devra prendre plus au sérieux son travail de gardien et s'assurer de regagner son poste de numéro un, pas seulement se faire donner le titre.

Les médias: à l'arrivée de Price, ils nous l'ont vendu trop gros, trop vite. Price n'est pas Roy, il n'est pas Dryden, il n'est pas "Jesus" Price non plus. Il est un jeune gardien prometteur, certes, avec une belle feuille de route dans les rangs mineurs. Attendons un peu avant d'en faire un sauveur svp.

Les fans: Pour avoir cru à ce que les médias nous ont dit, sans aucun discernement. Puis, comme à l'habitude, avec notre attitude bi-polaire de québécois, passer de meilleur jeune gardien de la ligue à crisse de pas bon, et ce parfois dans le même match!

Il est encore trop tôt pour abandonner sur Carey Price. Mais la prudence est de mise, car Dieu sait que cette confiance est si fragile.

Aucun commentaire: